Bonjour et bienvenue dans ce vingtième épisode du "Journal d’une agoraphobe" !
Que vous soyez un lecteur fidèle ou que ce soit votre première lecture d’une article de ce blog, je suis ravie de vous accueillir ici ! Dans ce blog, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute, mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à certains d’entre vous et contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes… eh bien, mission accomplie !
La semaine dernière, nous nous sommes interrogés sur l’utilité de l’accès des personnes anxieuses à des lectures « scientifiques », c’est-à-dire écrites par des professionnels, des enseignants, des chercheurs en psychologie… Est-ce pertinent ou est-il préférable que ce domaine théorique reste réservé aux professionnels et aux experts ?
De mon côté, je pense sincèrement que l'information peut être bénéfique. Je vous ai d’ailleurs recommandé un livre d'Alain Braconnier, psychiatre reconnu, pour approfondir le sujet des anxieux et de l’anxiété. Si vous avez raté cet article, voici un lien vers ce dernier.
Aujourd'hui, nous allons aborder un sujet un peu plus délicat : les attaques de panique en public.
Cela fait un an que je suis consciente de mes troubles anxieux et que je sais que je suis sujette aux attaques de panique… mais curieusement, je n'ai jamais eu d'attaque de panique en public.
En réalité, dès ma première crise, j’ai développé une peur irrationnelle de revivre cela en dehors de chez moi. J’ai donc commencé à éviter toutes les situations susceptibles de déclencher une attaque : sortir jeter les poubelles, aller chercher le courrier… Bref, tout ce qui m’obligeait à quitter mon cocon, d’où mon agoraphobie.
Cette peur d’avoir une attaque de panique en public est d’ailleurs un sujet récurrent dans mes séances avec ma psy. L’idée de perdre le contrôle devant les autres, d’avoir une crise d’angoisse si forte que ça pourrait devenir une crise d’hystérie, me terrifiait.
Pourtant, ma psy me rassurait sur le sujet : elle me disait que c'était quasiment impossible. En effet, les personnes anxieuses, par nature, ont souvent un besoin constant de contrôle, ce qui empêche ce genre de débordement.
Malgré cela, la peur restait présente et j'évitais encore certaines sorties.
Mais parfois, il y a des obligations… et l’évitement n’est pas possible. Comme cette réunion parents-professeurs pour discuter du voyage scolaire de ma fille en Grèce. Le lieu de la réunion était dans la salle de cinéma du collège, avec des sièges bien confortables. Je comprends que vous soyez totalement indifférents au confort de ces fauteuils… mais vous allez voir, ça a été une véritable chance pour moi.
Tout se passait plutôt bien au début, jusqu’à ce que les professeurs montrent un PowerPoint, avec une image d’avion. BAM, c’est là que la réalité m’a frappée : ma fille de 12 ans allait prendre l’avion… pour traverser la Méditerranée sans sa petite maman pour la protéger. Ça a été instantané… en même pas vingt secondes, j’ai le cœur qui est monté au cerveau… puis redescendu aux talons… j’étais en train de faire une crise d’angoisse dans une salle remplie de professeurs, d’élèves et de leurs parents…
Et pourtant… je m’en suis sortie, j’ai géré. Je me suis affalée dans mon fauteuil… je vous avais prévenu que le confort de ce fauteuil avait son importance… et j’ai attendu que ça passe. Et, bien sûr, ça a fini par passer. Ce n'était pas agréable, loin de là, mais j’ai vécu une crise d’angoisse en public… et à ma grande surprise, personne ne l’a remarqué.
Aucun débordement, pas de crise d’hystérie, juste moi qui attendais que ça passe en respirant lentement et profondément.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce qu’après plus d’un an de troubles anxieux et malgré un suivi psychologique, je ne comprenais pas bien ce que je vivais. J’étais un peu perdue, je naviguais à vue. Ce jour-là, j’ai compris que je pouvais gérer une crise d’angoisse en public, et cela a été très libérateur.
À la maison, je fuyais toujours la crise, en me mettant devant une série ou un film en attendant que ça passe. Mais là, il n’y avait pas d’échappatoire. J’ai dû rester sur place, observer ce qui se passait en moi, et accepter la crise.
Finalement, cela m’a permis de mieux comprendre ce qui avait déclenché cette crise, et avec du recul, je trouve dommage de ne pas avoir observé davantage mes autres crises, au lieu de les fuir. Savoir ce qui les déclenche, comprendre les mécanismes sous-jacents, ça aide.
Une attaque de panique en public, c’est très désagréable, bien évidemment, et je ne souhaite cela à personne… mais si de toutes les façons vous êtes sujet aux attaques de panique, je dirais une chose… pourquoi pas ?
C’est un extrêmement mauvais moment à passer, MAIS c’est un moment sans aucun risque. Eh oui, on se sent mal, très mal même, mais finalement, c’est un peu comme si une rage de dents vous prenait en pleine rue… vous allez prendre sur vous. Pas d’inquiétude, il n’y aura pas de SUR-réaction.
Et en plus de cela, dans la mesure où vous êtes dans une situation où vous n’avez pas la possibilité de faire l’autruche avec des substituts comme une série ou un film – quelque chose de passif, quoi – eh bien en attendant que ça passe, ou plutôt que ce calvaire passe, autre chose se produit. Vous êtes contraint de réfléchir à la situation, de la vivre… et il en découle une certaine compréhension : la compréhension du déclencheur de la crise, des mécanismes en place…
Ce sont des informations précieuses qui permettent de vous comprendre, de mieux vous connaître, donc d’anticiper de potentielles crises, d’en accepter d’autres… En d’autres mots, tout simplement de faire face !!!
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Si cet article vous a plu, pensez à laisser une note, un commentaire ou à vous abonner à notre newsletter. Ça m’aide énormément et ça me motive à continuer ! Merci pour votre soutien, et à la semaine prochaine pour un nouvel article du Journal d’une agoraphobe !
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